Qu’est-ce que le droit d’alerte du CSE ?
Le droit d’alerte permet aux représentants du personnel de signaler à l’employeur tout fait ou information préoccupant pour la santé, la sécurité, les droits des personnes ou la bonne gestion de l’entreprise.
Cela peut venir directement d’un élu qui constate un problème ou d’un salarié qui lui en fait part. Dans ce cas, l’élu doit rester discret : écouter le salarié dans un endroit confidentiel (par exemple, la salle du CSE), préserver la confidentialité et agir rapidement.
Les 5 cas de recours du droit d’alerte CSE
Selon la taille de l’entreprise, les élus peuvent exercer leur droit d’alerte dans différentes situations.
Dans les entreprises de 11 à 49 salariés :
en cas d’atteinte aux droits des personnes ;
en cas de danger grave et imminent ;
en cas de risque grave pour la santé publique et l’environnement.
Dans les entreprises d’au moins 50 salariés, le CSE possède les mêmes droits et bénéficie, en plus :
Voici, pour chaque cas, la procédure à suivre…
Procédure pour le droit d’alerte en cas d’atteinte aux droits des personnes
Conformément à l’article L2312-59 du Code du travail, l’élu doit alerter l’employeur dès qu’il constate (directement ou par l’intermédiaire d’un salarié) une atteinte aux droits des personnes, à leur santé physique ou mentale, ou à leurs libertés individuelles. Cela inclut le harcèlement moral ou sexuel et toute forme de discrimination.
Procédure :
Alerter immédiatement l’employeur
L’employeur enquête sans délai avec l’élu qui a signalé le problème
Des mesures correctives sont à prendre rapidement
En cas d’inaction ou de désaccord, le CSE peut saisir le Conseil de prud’hommes avec l’accord du salarié concerné
Procédure pour le droit d’alerte en cas de danger grave et imminent
Il s’agit d’un risque immédiat pour la vie ou la santé des salariés (machine défectueuse, installation électrique dangereuse, etc.).
Procédure :
Alerter immédiatement l’employeur et consigner l’alerte dans un registre spécial qui permettra de garder une trace écrite (pages numérotées et tamponnées par le CSE). À mentionner : le poste de travail concerné, la nature et la cause du danger ainsi que les noms des travailleurs exposés
Agir sans délai avec l’employeur pour supprimer le danger
Envoyer ensuite une fiche de renseignement à l’inspection du travail
Si l’employeur refuse d’intervenir ou s’il y a un désaccord sur la solution apportée, une réunion extraordinaire doit être organisée sous 24h. L’inspecteur du travail et l’agent de la CARSAT (caisse d’assurance retraite et de la santé au travail) sont invités à y participer. Durant la réunion, l’employeur et les membres du comité doivent s’accorder sur les mesures à prendre. S’ils n’y arrivent pas, l’employeur saisit alors l’inspection du travail.
Procédure pour le droit d’alerte en cas de risque grave pour la santé publique et l’environnement
Ce droit s’applique, par exemple, lorsqu’un élu constate l’utilisation d’un produit toxique ou dangereux.
Procédure :
Alerter l’employeur et consigner les faits dans le registre spécial en précisant les produits ou procédés concernés, les risques pour la santé publique ou l’environnement et toute information utile pour évaluer le risque
L’employeur examine la situation avec l’élu et informe le CSE des suites prévues
Si aucune action n’est mise en œuvre sous 1 mois ou en cas de désaccord, le CSE peut saisir le préfet du département
Procédure pour le droit d’alerte économique
Dans les entreprises de 50 salariés et plus, le CSE peut déclencher cette alerte s’il repère des faits préoccupants pour la santé économique de l’entreprise : baisse importante des commandes, perte de clients majeurs, retards de paiement des salaires ou cotisations, restructurations, licenciements économiques, etc.
Procédure :
Inscrire les questions à l’ordre du jour de la prochaine réunion CSE (l’employeur ne peut pas refuser)
L’employeur doit répondre
Si les réponses sont insuffisantes, le CSE établit un rapport transmis au commissaire aux comptes. Pour préparer ce rapport, le CSE peut se faire aider par un expert-comptable, convoquer le commissaire aux comptes ou encore se faire aider par 2 salariés
Ensuite, à la majorité des membres présents, le CSE peut saisir l’organe dirigeant (conseil d’administration, conseil de surveillance…)
L’organe examine le rapport, l’employeur répond dans les délais légaux :
Conseil d’administration/surveillance : il doit délibérer dans le mois suivant la saisine et transmettre sa réponse motivée dans le mois qui suit la délibération
Autres sociétés : les administrateurs transmettent le rapport aux associés/membres sous 8 jours
Procédure pour le droit d’alerte sociale
Il concerne le recours abusif aux contrats précaires : CDD, intérim, portage salarial, etc.
Procédure :
Inscrire les questions à l’ordre du jour de la prochaine réunion CSE
Si les réponses de l’employeur sont insatisfaisantes, le CSE peut saisir l’inspection du travail qui dressera un rapport
Après enquête, l’employeur doit communiquer ses réponses au CSE
Le droit d’alerte implique que l’élu informe l’employeur dès qu’il constate une situation préoccupante ou dangereuse. Pour que l’alerte soit efficace et traçable, il est recommandé de laisser une trace écrite. Les moyens disponibles pour avertir l’employeur sont :
un mail détaillant la situation ;
une lettre ;
une note interne consignée ;
un appel téléphonique (à suivre d’un mail ou note pour garder une preuve) ;
une interpellation directe ;
etc.
L’objectif est de sécuriser la procédure et de permettre un suivi clair en cas de contrôle ou de désaccord.
Les élus CSE sont-ils protégés lorsqu’ils exercent leur droit d’alerte ?
Oui, à condition d’agir de bonne foi. Les élus ne peuvent pas être sanctionnés ni subir de discrimination pour avoir exercé leur droit d’alerte. En revanche, une alerte abusive ou malveillante (informations fausses ou incomplètes dans le but de nuire) est sanctionnée par la loi et peut entraîner des amendes ainsi que des peines de prison.
Exercer le droit d’alerte n’est pas seulement un devoir légal pour un élu CSE, c’est aussi un moyen concret de protéger ses collègues et de contribuer à un environnement de travail sûr et sain. Chaque alerte, qu’elle concerne les droits des personnes, la sécurité, la santé publique ou l’économie de l’entreprise, est un pas vers une meilleure prévention et une gestion plus responsable.